Photo Joël Prince

Le ruisseau de Mouillecrotte grondait, et cascadait presque, dans le chemin de la vallée aujourd’hui. C’était un élément sonore important par son amplitude dans le paysage sonore de ce matin du 2 mars. Entendre et écouter le ruisseau, c’est ce que 9 personnes étaient venues faire ce matin, à 8h, dans le chemin de la vallée. Le ruisseau nous disait les pluies abondantes, l’eau ruisselante du plateau, et qui ensuite irait s’infiltrer vers la nappe phréatique précieuse.

Nous avons aussi entendu, et essayé d’apprendre et de mémoriser, les vocalisations et les chants de plusieurs habitantes et habitants du bord du chemin et des bois. Les cris comme des rires saccadés presque moqueurs des pic-verts et les tambourinages d’un autre pic, probablement un pic-épeiche, les modulations de fréquences aiguës des rouge-gorges familiers, les répétitions par trois des notes des grives musiciennes, le rythme un peu mécanique des mésanges charbonnières, le chant discret presque murmuré d’un accenteur mouchet, un grincement d’un geai des chênes, la phrase roulée descendante d’un pinson des arbres …

D’autres espèces, plus lointaines ou entendues plus furtivement, n’ont pas été identifiées par tous, mais je sais qu’il y avait un troglodyte mignon au loin, et des mésanges bleues. Les oiseaux nous disaient leurs présences, le retour du printemps, de la lumière. Il fallait être courageux pour se lever tôt, aller dans l’humidité et le gris du dehors, puis sous une pluie fine insistante, et rencontrer le monde vivant du chemin de la vallée, avec nos oreilles. Cette écoute commune et ces rencontres nous ont – je crois – fait du bien.

Fanny