© Le Parisien – Julien Heyligen

Julien Perrin, jeune apiculteur des Molières, a dévoilé le 6 novembre le résultat de deux ans de travaux pour créer une abeille capable de faire face naturellement aux maladies.

A l’heure où la préfecture de l’Essonne a mis en quarantaine ou sous surveillance les ruches du nord-ouest du département, Julien Perrin, jeune apiculteur des Molières, a dévoilé ce jeudi le résultat de deux ans de travaux pour créer une abeille résistante naturellement aux maladies.

 

Pas de médicament et pas de traitement, ses petits insectes, soigneusement sélectionnés, se défendent tous seuls comme des grands, notamment contre la bactérie à l’origine de l’arrêté préfectoral, la loque américaine, qui s’attaque aux très jeunes larves. « L’Essonne est leader dans cette lutte », assure Julien Perrin.

En France, la mortalité enregistrée chaque année dans une ruche est de 10 à 20 % en moyenne. « A force, on s’habitue mais cela reste compliqué. Imaginez un cheptel de vaches diminué d’autant », soupire l’apiculteur. Au lieu de se tourner vers la chimie, Julien Perrin a observé la nature et constaté que des abeilles résistaient sans coup de pouce de l’homme à la loque américaine ou à un autre fléau des butineuses, le varroa, un acarien destructeur. « Traiter ne fait que repousser le problème. On crée des résistances », confie-t-il.
Inséminations artificielles
Issu d’une famille de producteurs laitiers d’Auvergne, agrégé en Sciences de la vie et de la terre, l’apiculteur établi aux Molières depuis 2009 a installé il y a deux ans quelques ruches sur les terrains arborés du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de Saclay, dans le cadre d’un partenariat. Julien Perrin y repère d’abord les abeilles adaptées aux maladies. Par exemple, pour la loque américaine, il tue une partie de la ruche. Les butineuses résistantes à la bactérie sont celles qui ont tendance à vite nettoyer les larves mortes.

Vient alors la phase technique des inséminations artificielles. Alors qu’une reine est fécondée 12 fois par cycle dans la nature, Julien Perrin ne le fait qu’une fois, car les mâles résistants sont difficiles à trouver. Les résultats sont prometteurs. L’apiculteur, qui collabore avec Aristabee, une fondation européenne de lutte contre le varroa, ne s’attendait à pas aller si vite. Il pense essaimer rapidement ses abeilles « solides et rustiques ».