Seul le prononcé fait foi.

« Il y a un an, à cette même date et dans ce même lieu de mémoire, je vous proposais d’aller puiser dans notre passé ce qui était susceptible de nous servir pour notre avenir.
C’est l’objet même de nos commémorations.
Elles font appel à notre mémoire pour éclairer notre conscience et notre avenir.

Nous avons pu, hier, rejeter les assauts de la peste brune mais celle-ci a tout de même marqué des points.
Les responsables de sa banalisation, depuis trente ans, ont permis cette évolution, en refusant d’interdire ce parti, puis en l’instrumentalisant, et surtout en ne répondant pas à l’urgence sociale, terreau sur laquelle la contestation, la plus improductive et nauséabonde qu’elle soit, peut se développer.
Une grande partie de notre peuple s’est donc mobilisée pour nous permettre de nous retrouver, aujourd’hui, dans une France encore libre.
Face au risque de perdre notre liberté et notre capacité à vivre ensemble, nous préférons encore notre démocratie imparfaite, et notre république qui peine à tenir ses promesses.

Quelles promesses me direz-vous ?

Celles dans lesquelles nous devons nous inscrire par nos actions, les plus modestes qu’elles soient, et celles que notre nouveau Président de la République doit être contraint de respecter, par tous les moyens possibles. Un moyen essentiel, pour nous, c’est d’être un peuple éduqué et éclairé.

La promesse républicaine est inscrite dans nos plus grands textes où nous pouvons puiser, aujourd’hui, la force de la traduire dans les faits.

Il faut nous rappeler ainsi, qu’au sortir de la seconde guerre mondiale, le programme du Conseil National de la Résistance nous invitait à « l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie ».
De même, il proclamait le « retour à la nation des grands moyens de production monopolisée, fruits du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques ».
Le programme du Conseil National de la Résistance soutenait « le développement (…) des coopératives de production, d’achats et de ventes, agricoles et artisanales ».
Il proposait « le droit d’accès, dans le cadre de l’entreprise, aux fonctions de direction et d’administration, pour les ouvriers possédant les qualifications nécessaires, et la participation des travailleurs à la direction de l’économie. »
Il instaurait « un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence (…) ».
Au-delà du fascisme, le Conseil National de la Résistance avait bien compris que le développement d’une oligarchie économique porterait atteinte à notre liberté, notre épanouissement, notre bonheur.

  

Dans le même esprit, le préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 inscrivait dans le marbre :
« Au lendemain de la victoire remportée par les peuples libres sur les régimes qui ont tenté d’asservir et de dégrader la personne humaine, le peuple français proclame à nouveau que tout être humain, sans distinction de race, de religion ni de croyance, possède des droits inaliénables et sacrés. Il réaffirme solennellement les droits et libertés de l’homme et du citoyen consacrés par la Déclaration des droits de 1789 et les principes fondamentaux reconnus par les lois de la République. »
Ce préambule instituait que « tout travailleur participe, par l’intermédiaire de ses délégués, à la détermination collective des conditions de travail ainsi qu’à la gestion des entreprises. »
Il faisait enfin la promesse suivante : « la Nation garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence. »

Comme notre nouveau Président de la République, nous sommes le peuple héritier et dépositaire de cette Histoire.
Nous pouvons faire en sorte que la promesse républicaine soit tenue.
Elle peut l’être.

Notre peuple travaille, bien plus qu’on ne le laisse croire pour nous culpabiliser là où nous devrions être fiers de notre implication et de nos talents.
Mais le produit de ce travail, nous échappe en partie par la défiscalisation des grandes entreprises et l’évasion fiscale. C’est une promesse originelle qui est piétinée.
Les dividendes distribués aux actionnaires sont souvent à deux chiffres pendant que d’aucuns courent après un petit point de croissance.
La solution est donc là : nous produisons assez pour vivre dans une société heureuse et autonome, où le mérite et le travail ne s’en trouveraient que renforcés.

Mais nous avons été élevés dans un esprit de consommation et de dépendance qui nous intime l’ordre de ne plus rêver.
Privés d’utopie et de perspectives, on nous condamnerait à chercher toujours chez l’autre ce qui pourrait nous manquer.
L’autre qui nous est différent, par son statut social ou ses origines.

Vous l’avez bien compris, nous ne sommes pas sortis, hier, de ce piège.

Le piège de la promesse la plus simple qu’il soit, la promesse qui établissait la base d’un contrat social et d’un consentement citoyen.

Retrouvez-la dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, de 1789, qui, comme la mélodie d’une chanson nous berce de refrains à en oublier quelques couplets, qu’il en soit de La Marseillaise ou du Chant des partisans, si belles à entendre de la bouche de nos enfants, nous propose un article 13 à remettre à l’ordre du jour :
« Pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses d’administration, une contribution commune est indispensable : elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés. »
C’est le principe simple d’une contribution « à chacun selon ses moyens ».
Remettons à l’ordre du jour ce principe !
Que l’impôt soit juste au lieu d’être réparti essentiellement sur les classes moyennes et laborieuses.

Et, dans le même temps, faisons par nos actions locales, chacun selon nos moyens.
Même un peu, prenez votre part aux affaires de la commune, nous vous y invitons, ici, sans cesse.

L’effort est double : contraindre les puissants à partager les fruits de notre production, et agir localement pour fabriquer l’autonomie et l’économie circulaire qui nous apportent richesse et fierté, et la part de bonheur auquel tout être humain aspire pour des jours plus heureux. »