Discours du Maire, 8 Mai 2021
Seul le prononcé fait foi

« Nous sommes heureux de vous accueillir tous dans des conditions qui marquent peu à peu une sortie de cette crise sanitaire.
Elle a parfois révélé nos liens, nos capacités de résilience, et singulièrement aux Molières où je salue l’implication des élus, des agents municipaux, des commerces, des habitants pour traverser l’épreuve dans la solidarité.
C’est une toute autre épreuve que nous commémorons aujourd’hui ensemble, celle de la seconde guerre mondiale, et chaque année, après avoir entendu et approuvé les messages des associations d’anciens combattants puis du gouvernement, rappelant les morts de cette guerre et leur mémoire que nous honorons, les populations déportées et exterminées, j’ai pris pour habitude de rappeler aussi le moment d’unité que cela a pu constituer, des gaullistes aux communistes, pour rédiger et défendre le redressement du pays avec le programme du Conseil National de la Résistance.
Ce programme est accroché au mur de mon bureau et il n’est pas un jour où je ne pose mon regard sur ce petit fascicule, à la fois court et dense.
Nous en adressons une copie chaque année aux jeunes majeurs du village qu’en d’autres temps nous aurions nommés conscrits.
Je leur confie volontiers cette œuvre inachevée, qui voulait préparer de meilleurs jours, des jours heureux.
Il s’agissait de promouvoir la solidarité et de contenir les effets de la loi du marché, lorsqu’elle risquerait d’atteindre l’intérêt général.

Cet idéal d’équilibre qui est tout simplement en miettes aujourd’hui est à construire de toutes pièces.
Si cet équilibre ne se construit pas, en cela qu’aucun citoyen ne puisse se reconnaître dans un projet de société fédérateur et bienveillant, le basculement dans le chaos nous menacera et il faudrait être aveugle pour ne pas voir qu’il nous menace déjà.
Aussi vous me connaissez pour ma franchise et je le répète donc aujourd’hui, je ne pardonnerai jamais ceux qui pensent et disent que les difficultés d’aujourd’hui relèvent de phénomènes exogènes qu’il faudrait désigner avec facilité ou paresse coupables.
C’est tourner le dos à l’humanisme et accompagner le basculement de la société humaine dans le chaos.
Et il n’y a pas que des paroles maladroites, nous assistons à une régression de la pensée, à un délitement de la république, notre bien commun.

Pourtant la France regorge de talents et de capacité à faire république et à poursuivre nombre de ses œuvres inachevées pour inventer et construire un futur désirable.

Nous célébrons aux Molières cette année les 150 ans de la commune de Paris. Je tiens à remercier Pierre Pruneta qui a conçu l’exposition que vous pouvez découvrir à l’extérieur de l’espace culturel & associatif, avec l’aide de Joël Mancion.
Controversé, cet épisode douloureux de l’histoire de notre république est néanmoins le symptôme d’une lutte entre deux courants politiques dans notre pays.
Je ne crois pas que ces courants aient disparus, je resterai toujours impressionné en tous cas par la fameuse affiche de l’appel aux citoyens pour les élections à la commune:

Alors oui, elles sont nombreuses les œuvres inachevées de notre république, celles-là même, comme au sortir de la seconde guerre mondiale, qui nous permettraient maintenant de rechercher les moyens de répondre ensemble à ces enjeux et ces périls d’aujourd’hui.

Pour que vive la république et vive la France. »