L’école élémentaire s’est associée comme pour le 11 novembre à la cérémonie commémorative, avec une reprise par les enfants du « Chant des Partisans », puis de « La Marseillaise ».
A la fin de la cérémonie, invités par le Maire, les enfants sont allés saluer les porte-drapeaux, et nous ne savons pas qui, des uns et des autres, furent les plus étonnés par cette petite touche inédite.
Discours d’Yvan LUBRANESKI, Maire des Molières (seul le prononcé fait foi).
« Nous sommes aujourd’hui réunis pour commémorer le 70ème anniversaire de la victoire du 8 mai 1945, celle qui a libéré la France et l’Europe, après cette monumentale démonstration du pire que les hommes peuvent avoir en eux.
Le pire, car la seconde guerre mondiale fut une guerre basée sur des moyens de guerre traditionnels, au-delà desquels la barbarie nazie à créé un système concentrationnaire et organisé la déportation, la torture, l’extermination de femmes et d’hommes qui n’étaient coupables que d’être né juifs, tziganes, ou d’avoir résisté aux nazis ou à l’Etat Français collaborateur.
Le pire, car c’est aussi cette guerre qui voit la première utilisation de l’arme nucléaire, arme de destruction massive, lâchée sur Nagasaki et Hiroshima au Japon.
Cette méthode qu’est le génocide et cette arme qu’est la bombe atomique marquent au 20ème siècle le recul de l’humanité.
Cette humanité qui recule, alors que nous devrions progresser. Cette humanité qui recule, plus encore aujourd’hui, alors que nous devrions progresser.
Pourquoi ?
Peut-être parce que nous ne savons plus ce qu’est un progrès et ce qu’est un recul.
La célébration de la mémoire de nos guerres, perdues ou gagnées, mais surtout baignées de sang et de destructions, doit nous aider aujourd’hui à comprendre ce qu’est le progrès et à y travailler.
Et nous ne pouvons dire que cela soit simple, tant les faux-semblants, les perversions de la pensée et l’hégémonie idéologique du néo-libéralisme sont braqués sur nous et propriétaires de la communication de masse.
Des concepts comme la République et la Démocratie, je ne suis pas certain qu’un grand nombre de gens en perçoivent les définitions précises, et les distinguent vraiment l’un de l’autre.
Républicains, j’espère que nous le sommes tous, la République a banni le pouvoir hérité par la filiation, la République a permis la liberté de conscience, l’égalité devant la Loi, et elle encourage la fraternité.
J’ai cependant des moments de doute quand un pays s’abrutit à commenter les hérédités consternantes d’une famille qui se dispute un électorat trompé par des solutions inapplicables et séduit par des valeurs à l’opposé des progrès dont nous avons besoin.
Je doute aussi lorsque j’apprends que, pour se distinguer de ces corbeaux, que vous avez montré du doigt tout à l’heure, chers enfants, il suffirait de se nommer « républicains », alors qu’au delà du pacte républicain, l’enjeu essentiel est celui de la démocratie, politique et économique.
Car c’est bien la Démocratie qui est la source du progrès que nous cherchons.
La démocratie face à la concentration du pouvoir politique, la démocratie face à la concentration du pouvoir économique.
La démocratie politique, ce serait rendre au mandat politique sa nature représentative et temporaire. L’existence d’une classe politique telle que nous la connaissons aujourd’hui est un poison pour nous tous.
Nous devons être capables de promouvoir d’autres femmes et d’autres hommes, ils existent, mais n’attendons pas qu’on nous les montre, c’est à nous d’aller les chercher par l’exercice de notre citoyenneté.
La démocratie économique, c’est à la fois centrer l’économie sur la production réelle de richesses, donner à celles et ceux qui la produisent les moyens de la contrôler et de la redistribuer, et promouvoir la coopération plutôt que la concurrence.
C’est cela la résistance aujourd’hui : combattre la concentration des pouvoirs, dans le monde politique et le monde économique, car cette concentration nous rend otages des conflits et des luttes qu’ils se livrent, alors que nous pourrions être citoyens et acteurs d’un progrès humain si nécessaire !
Ecoutons le message de Stéphane Hessel, puisque nous célébrons aujourd’hui la Résistance et qu’il en fut un si bel exemple. Voilà ce que Stéphane Hessel écrivait encore, il n’y a pas si longtemps, en s’adressant à nous, et plus particulièrement aux jeunes générations :
« Aussi, nous appelons toujours à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation de masse, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous.
A ceux et celles qui feront le XXI ème siècle, nous disons avec notre affection : CRÉER, C’EST RÉSISTER. RÉSISTER C’EST CRÉER. »
C’est bien à nous, citoyens, d’être les héritiers de cette Résistance et d’être aujourd’hui et demain, par nos choix et nos actions, les artisans du progrès. »