Comme à l’occasion du 11 novembre dernier, l’école élémentaire s’est associée à la cérémonie commémorative, avec une reprise par les enfants du « Chant des Partisans », puis de « La Marseillaise » sous l’œil attentif de notre photographe et vidéaste bénévole Jean-Luc SER.
Merci à lui pour ces 2 petites vidéos qui nous rappellent ce moment émouvant vécu par de nombreux Moliérois rassemblés au monument aux Morts.

 

Lecture par Philippe Hévin, conseiller municipal, du texte officiel du gouvernement.

 

Discours d’Yvan LUBRANESKI, Maire des Molières.

Seul le prononcé fait foi.

 

Mesdames et Messieurs,

Chers enfants des Molières,

quand nous vous écoutons chanter,

quand nous vous regardons,

quand vous nous faites cet honneur d’être avec nous aujourd’hui pour commémorer le 69ème anniversaire de la victoire du 8 mai 1945,

nous, adultes, ne pouvons nous empêcher de penser et d’espérer pour vous un monde où règne la paix et la fraternité.

Car vous nous voyez, nous, adultes, commémorer ici une victoire qui a libéré la France et l’Europe, mais surtout qui a mis un terme à la plus terrible guerre que les hommes se firent au regard de l’Histoire.

50 millions de victimes, civiles et militaires, des enfants et des adultes déportés, torturés, exterminés,

du seul fait qu’ils n’avaient pas la même religion que d’autres,

du seul fait qu’ils n’avaient pas le même mode de vie que d’autres,

du seul fait qu’ils aient combattu et résisté contre l’occupation de leur territoire

50 millions de victimes… que cela soit prononcé aujourd’hui ou écrit dans un livre d’histoire, on a du mal à imaginer ce que cela représente.

La barbarie nazie est venue commettre ses crimes jusque dans les petits villages de notre pays, et imposer son idéologie.

Des bombardements ont rasé des villes entières, de la France à la Russie, des enfants se sont retrouvés sans papa, sans maman.

Les Japonais ont capitulé sous le feu nucléaire à Hiroshima et Nagasaki.

Nous commémorons la victoire des Alliés, celle de la Résistance, en France et ailleurs, mais retenez que toute mémoire d’une guerre est la mémoire d’une défaite !

Car toute guerre est une défaite pour l’Humanité, pour la Fraternité qui devrait nous permettre de concevoir et de construire un avenir commun.

N’oublions donc jamais que c’est bien la nature de l’Homme qui est en jeu, et, en fait, par son éducation et sa culture, sa capacité à comprendre l’autre, à l’accepter comme un frère,

frère qui n’a pas la même religion que moi, ou qui n’en a pas,

frère qui n’a pas les mêmes idées que moi,

frère qui n’a pas la même couleur de peau,

frère qui n’a pas le même mode de vie que moi,

frère qui n’a pas les mêmes dispositions physiques ou mentales que moi,

frère qui n’a pas les mêmes ressources, y compris financières…

Bien sûr, un frère ou une sœur, c’est toujours un rival, qui va avoir à un moment donné la préférence de papa ou de maman, qui aura le temps de jouer un peu à la DS parce qu’il ou elle aura fini ses devoirs…

Mais en même temps que représenter parfois un rival, avec lequel on a des conflits passagers, votre sœur ou votre frère, chaque membre de votre famille est un soutien pour chacun d’entre vous.

L’Humanité est donc cette grande famille où l’idéal à viser serait que chacun considère l’autre comme un frère ou comme une sœur.

Cet idéal, chers amis, chers enfants, nous avons encore beaucoup de travail pour tendre vers lui.

Enfant, ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?

Le Chant des Partisans appelle à se réveiller et à résister.

Cette voix, entendez-la afin de poursuivre cet idéal de fraternité qui est notre salut et la garantie d’une paix durable.

Les corbeaux sont toujours là, je dirais même qu’ils ont repris des forces et peuvent nous menacer à nouveau.

Ils rôdent autour de nous, pas loin.

Ces corbeaux sont des hommes que la fraternité n’intéresse pas.

Là, un corbeau : ce maire d’une ville du sud de la France, qui a interdit qu’on chante le Chant des Partisans. Un maire qui fait partie d’une famille politique qu’on nous présente aujourd’hui comme étant fréquentable…

Là encore, un corbeau : celui qui montre du doigt telle ou telle partie de l’Humanité en la stigmatisant…

Ces corbeaux, ce sont ces candidats nationalistes dans chaque pays d’Europe, que nous nous apprêtons, le 25 mai prochain, à laisser passer, par nos abstentions et parfois notre dégoût.

Comme certains d’entre vous, je suis écoeuré par l’attitude d’une bonne partie de la classe dirigeante, écoeuré par ce que l’Europe ne nous a pas encore donné de justice et de fraternité nécessaires.

Mais c’est trop facile de baisser les bras ou de céder aux sirènes des démagogues de tout poil.

NON, il est là notre combat, elle est là notre Résistance ! Regardons-nous chacun et comprenons que ce combat est nécessaire et d’actualité !

Enfant, ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?

C’est par l’obscurantisme et la xénophobie que chaque jour des crimes sont commis, en Syrie, au Mali, au Nigeria, partout dans le monde notre combat pour la tolérance et la fraternité doit être permanent.

Tolérance et fraternité, c’est toute une culture de l’ouverture à l’autre que nous devons faire progresser en nous et autour de nous dans la société.

« Les êtres vivants sont produits différents par la nature mais il n’y a pas nécessairement lutte entre eux. Les différences peuvent au contraire être à l’origine de réussites collectives »

C’est un des messages de Stéphane Hessel, grand résistant français récemment décédé, et dont vous avez peut-être lu parmi ses derniers écrits le fameux « Indignez-vous ! ».

Alors oui, indignez-vous ! Mais demandez-vous au service de quoi vous indigner…

L’Abbé Pierre, autre illustre acteur de la fraternité, avait dit cela :

« Quand on s’indigne, il convient de se demander s’il on est digne »

Sa phrase nous invite à mettre toute la dignité nécessaire dans nos actions quotidiennes, à prendre notre part de ce combat permanent dont je vous ai parlé.

« Quand on s’indigne, il convient de se demander s’il on est digne »

Cette phrase nous invite aussi à éviter les confusions : s’indigner, ce n’est pas hurler avec les loups, c’est choisir son camp.

Amis, enfants, il faut choisir son camp, puis ses armes, sans se tromper.

Le camp de la liberté, de l’égalité, de la fraternité,

Le camp de la France et de son honneur

Pour que vive la République, sociale et fraternelle !