Ce 14 juillet 2015, la commune des Molières a baptisé l’arbre central, place de la Mairie, Arbre de la Liberté.

Vous trouverez ci-après le discours du Maire, Yvan Lubraneski.

Seul le prononcé fait foi.

« Il y a tout juste 6 mois, après l’effroyable attentat perpétré au siège du journal Charlie Hebdo, nous nous étions recueillis ici, en mémoire à ces victimes coupables aux yeux de leurs bourreaux d’avoir pris trop de liberté.

Près de 200 Moliérois autour de cet arbre, s’étaient instinctivement réunis là, déposant des bougies à son pied.

Je n’avais pas prévu de discours ce jour-là, mais peu à peu le silence et les chuchotements se faisaient interrogatifs et je suis monté sur ce banc.

Parmi les mots que j’ai prononcés, j’ai évoqué la liberté, bien sûr, mais aussi cet arbre.

Car nous venions de renouer aussi avec l’histoire de notre village, qui, comme des milliers d’autres, avait planté en 1793 un Arbre de la Liberté, dans la foulée de la Révolution française et de ses valeurs que nos anciens voulaient symboliser ainsi.

Ils s’inscrivaient dans une tradition séculaire donnant aux arbres le pouvoir d’affirmer des valeurs.
Un pouvoir puisé dans leurs racines, exprimé par leurs troncs, diffusé tout autour par leurs branches.

Les racines, le tronc, les branches, voilà ce que nous recherchons aujourd’hui aussi dans la symbolique de l’arbre.
Les racines, ce sont nos anciens qui ont interrogé notre Nation sur sa capacité à promouvoir la Liberté, l’Egalité, la Fraternité.

Les racines aux Molières, c’est cet arbre qui n’est plus là, abattu près de 200 ans après avoir été planté, provoquant chez nos anciens dont certains sont présents ce soir, Constant, Michel, Robert, et les autres, une vive émotion.

Nous nous attacherons dans les mois et les années qui viennent à raconter cette histoire, aux Molières, dans les écoles, avec leur participation et je suis sûr qu’ils seront fiers et heureux de transmettre cette histoire.

Michel et Constant nous ont apporté des morceaux de l’ancien arbre de la Liberté et nous avons posé une plaque là il fut, majestueusement, de 1793 à 1970.

Les racines, le tronc, les branches, voilà ce que nous recherchons aujourd’hui dans la symbolique de l’arbre.

Le tronc, c’est celui qui détient le pouvoir et qui nous rassemble. Il est fort, il est sage, il est beau. Aucun homme, même Jojo, n’est plus fort qu’un tronc d’arbre.

Celui de notre arbre regretté, un orme magnifique, faisait plus de 4 mètres de circonférence, il fallait être plusieurs pour en faire le tour, et cette taille immense poussait les uns et les autres à s’en rapprocher souvent afin de prendre la pause pour des photographies que nous avons gardées.

Que ce marronnier devant nous soit plus modeste ne doit pas nous effrayer.

Au contraire, cela doit renforcer notre cœur à lui faire prendre le relais aujourd’hui.

Parce que ce nouvel arbre de La Liberté est sûrement plus fragile que celui qui l’a précédé, il réclame donc de notre part plus de soin et d’attention.

Il nous fait comprendre que nous ne pouvons pas nous en remettre qu’à lui pour faire vivre la liberté et la république.
Il nous fait comprendre que c’est par nos actions quotidiennes, par notre capacité à construire une société fraternelle, que nous pourrons sauver et promouvoir la liberté et les valeurs républicaines qui font notre ciment.

Les racines, le tronc, les branches, voilà ce que nous recherchons aujourd’hui dans la symbolique de l’arbre.

Nous sommes au bout de chaque branche pour diffuser et faire vivre la liberté.

Là est notre tâche et c’est sûrement le travail le plus dur à effectuer.

C’est tellement plus simple d’aller chercher chez l’autre la cause de ses maux.

C’est tellement plus simple d’être raciste, d’être antisémite, de mettre tous les représentants d’un peuple, d’une contrée, d’une nation, dans le même sac.

La vie n’est pas simple sinon on le saurait déjà.

Notre tâche c’est de rassembler autour de ces valeurs universelles les femmes et les hommes d’où qu’ils soient et quoi qu’ils soient.

Notre tâche c’est d’aider celles et ceux qui ont le même combat que nous, ici et partout dans le monde.

C’est une tâche bien difficile mais c’est la seule qui vale la peine et qui nous donnera la capacité de nous comprendre et de nous élever.

Vive la Liberté, et vive Les Molières ! »