Seul le prononcé fait foi

« Mesdames et messieurs les élus,

Messieurs les représentants des associations d’anciens combattants, de l’ARAC, de la FNACA et de l’UNC,

Monsieur le représentant de la Gendarmerie de Limours,

Monsieur le Chef du Centre d’Incendie et de Secours de Limours,

Monsieur le représentant de l’Établissement public d’insertion de la défense,

Mesdames et Messieurs les musiciens de l’ensemble musical du Hurepoix,

Chers enfants de l’école Anne Frank, ainsi que leurs enseignants venus nombreux,

Chers conseillers municipaux enfants,

Chers habitantes et habitants des Molières,

Nous sommes réunis ce jour pour commémorer ensemble l’armistice du 11 novembre 1918, mettant fin à la première guerre mondiale, et pour honorer tous nos morts pour la France, et bien sûr ceux des Molières. Depuis deux ans maintenant, c’est un centenaire que nous commémorons. 2014, 2015, et maintenant 2016.

Chers enfants, c’est à vous que je veux m’adresser d’abord.

Il y a un peu plus de trente ans, quand j’avais votre âge, mon père m’emmenait systématiquement dans toutes les cérémonies commémoratives, parfois même, si nous étions en vacances, il se renseignait pour connaître l’horaire local de la cérémonie et y assister.

C’est sûrement ce que font vos parents avec vous aujourd’hui, ou, peut-être, c’est vous-mêmes qui les avaient amenés ici.

Je dis cela, parce que je veux vous dire, chers enfants, que toutes mes forces d’élu et de bénévole ne sont dirigées que vers vous.

Enfant, je trouvais ces cérémonies parfois rébarbatives : on y entendait toujours un peu les mêmes discours.
Et les discours convenus, ce n’est pas ce qui me manque aujourd’hui.
Ce qui me manque aujourd’hui, c’était la sensation que j’avais de me sentir en sécurité. Ce qui me manque aujourd’hui, c’était la sensation que notre société se construisait enfin uniquement pour nous assurer la paix et la joie.

Naïvement, je me disais qu’avec toutes ces violences et le prix du sang payé par le peuple, nous avions tiré tous les enseignements propres à nous préserver de reproduire la bêtise monumentale qu’est la guerre des uns contre les autres.

Aujourd’hui, vous découvrez un monde où les « têtes pensantes » de l’éducation nationale vous apprennent à vous cacher derrière des tables et à vous confiner.

Aujourd’hui, vous découvrez un monde où les écrans vous invitent à voir tout ce que vous pouvez posséder, et donc aussi ce que vous n’aurez jamais, ce qui produira envie et frustration.

Aujourd’hui, vous découvrez un monde où subsistent et même parfois s’aggravent des inégalités qui créent du ressentiment. Ces inégalités nourrissent la compétition entre les hommes, la haine de l’autre et le sentiment de n’avoir pas sa place ou son rôle.

Aujourd’hui, vous découvrez un monde où il n’y aura jamais de travail pour tous. Vous découvrez un monde où les dirigeants politiques vous disent qu’il y aura du travail pour tous. Sans jamais remettre en cause cette vision et se mettre justement au travail pour inventer une organisation où chacun aurait sa place sans avoir forcément un emploi au sens où nous l’entendons aujourd’hui.

Voilà pourquoi je vous dis, chers enfants, que toutes mes forces d’élu et de bénévole ne sont dirigées que vers vous.

C’est vous qui construirez le monde de demain.

Dire tout cela, c’est faire peser beaucoup sur vos épaules aujourd’hui, et j’en suis conscient et désolé.
Et donc, je veux vous donner de l’espoir et de l’énergie.

Vous faire la promesse que, tous les adultes que vous voyez ici, rassemblés autour de notre Monument aux Morts, vous faire la promesse que toutes leurs actions d’élus ou de bénévoles ne sont dirigées que vers vous, pour vous assurer un monde meilleur.

Vous faire la promesse que, parmi tous ces adultes rassemblés ici, celles et ceux qui n’ont pas encore participé à une œuvre ou une action collective vont commencer demain, parce que la seule et unique solution est là, entre nos mains.

Le peuple n’a de pouvoir que s’il a de la volonté.

Si vous croyez que vous choisirez demain ceux qui décideront pour vous, en tapant un numéro sur une télécommande comme on vote dans une émission de télé-réalité, en restant dans l’entre-soi… si vous croyez cela, alors le monde accouchera d’un monstre totalitaire, qui sera très difficile à renverser, au prix du même sang qu’ont versé nos aînés pour nous.

Par contre, si vous croyez, comme Jean Jaurès en 1903, qu’il faut refuser la loi du mensonge triomphant, ses applaudissements imbéciles et ses huées fanatiques,

Si vous croyez, comme Pierre Mendès-France en 1955, que la volonté populaire doit se mobiliser pour ne pas laisser la politique à des initiés ni à des techniciens,

Alors nous aurons le pouvoir de nous émanciper à la fois des clowns, des tyrans et des oligarques.

Alors, plus qu’au bruit des bottes, nous aurons mis fin au silence des pantoufles et aux bavardages inutiles des commentateurs, tous ceux qui se réveillent avec la gueule de bois, n’ayant pas vu changer les choses.

Je vous fais la promesse, chers enfants, que nous mettrons notre énergie à cela, et je vous appelle tous, ici, à y participer. »